Le goût du vent et de l’effort
16 février 2025
Le goût du vent et de l'effort…
Rieumes, 16 février 2025. Un matin où le froid s'accroche encore aux toits et aux gants, où les plus optimistes scrutent l'horizon en quête d'un rayon de soleil qui ne viendra peut-être jamais. Sur la place, ça piétine, ça resserre les sangles des chaussures, ça plaisante d'un ton faussement détendu : « Bon, 100 bornes, c'est une mise en jambes, non ? » Personne n'est dupe. On sait tous que le vent, ce vieux camarade indésirable, sera de la partie.
Le départ se fait en bon ordre, direction Sainte-Foy-de-Peyrolières, où les premières bosses viennent briser les illusions d'un début tranquille. Très vite, le peloton s'étire, les plus impatients filent devant, tandis que d'autres, plus sages, calent leur rythme. Dans ces moments-là, chacun trouve sa place : il y a ceux qui parlent encore, ceux qui soufflent déjà, et ceux qui économisent chaque mot comme s'ils étaient payés à la syllabe.
À Bragayrac, le vent se lève et commence son travail de sape. Ce n'est plus un simple souffle, c'est un mur invisible, un adversaire sournois qui freine l'élan et teste la patience. Les relais deviennent précieux, une question de survie. Sainte-Livrade, puis Lherm : le paysage défile, mais le compteur semble figé. On dirait que la route s'allonge à mesure que l'effort grandit.
Vers Labastide-Clermont, un faux-plat traître rappelle qu'il ne faut jamais sous-estimer les routes de campagne. Ça serre les dents, ça maudit l'organisateur du parcours (toujours avec affection, bien sûr), mais ça tient bon. Parce que c'est un brevet, et qu'un brevet, ça ne se subit pas : ça se conquiert.
La pause à Bérat est brève, juste le temps de grignoter un morceau et de vérifier que les jambes répondent encore. Retour vers Rieumes, et l'ultime portion du parcours. Les kilomètres accumulés se font sentir, mais quelque part, une petite voix intérieure souffle : « Tu l'as fait, tu es presque au bout ». On s'accroche, on relance dans les dernières montées, on trouve des forces là où il n'y en avait plus cinq minutes avant.
Et puis, soudain, Rieumes réapparaît, comme une délivrance. On franchit l'arrivée avec ce mélange de soulagement et de fierté, cette sensation étrange d'avoir enduré mais d'en redemander déjà. Les vélos s'alignent contre les barrières, les visages sont rougis par le froid et l'effort, et chacun savoure la satisfaction du devoir accompli.
On refait la sortie en accéléré. « Ce vent, franchement, il était contre nous tout le temps ! », « Les 100 km, c'est toujours plus long que dans mes souvenirs… », et bien sûr, « Bon, c'est quoi la prochaine épreuve ? ». Parce qu'au fond, on le sait tous : on râle, on peine, on jure qu'on ne nous y reprendra plus… et on recommence.
Car après tout, le vélo, c'est un peu comme l'amour : on souffre, mais on y revient toujours.